Les designers en parlent beaucoup, mais il n’existe pas de définition universelle. Personne ne sait vraiment ce que c’est exactement, un bon design.
Selon Dieter Rams, un bon design n’est pas seulement beau à voir ; il est bien pensé, fonctionnel et répond à un objectif. Dans le meilleur des cas, il est également innovant et durable.
Il est frappant de constater que l’esthétique n’est qu’un aspect parmi les dix points de la liste de Rams. Ce n’est pas beaucoup. Et pourtant, les discussions sur le design tournent presque exclusivement autour de la forme extérieure. A quel point cela me plaît-il, est-ce que j’aime les couleurs, est-ce que cela me convient ?
Ce qui compte, c’est que ça ait l’air bien
Dans le langage courant, un bon design a le sens de décoration. Il s’agit d’un bel emballage, quel que soit le contenu qu’il contient. En fait, peu importe s’il contient quoi que ce soit de valable.
Je me souviens encore très bien d’un collègue de mon premier bureau partagé. Conducteur de Porsche, abonné aux solariums et grand amateur de femmes. Son argument final à chaque discussion sur le design était : « L’essentiel, c’est que ça ait de l’allure ». Il n’a pas eu peu de succès avec cette devise.
Elle correspond en effet au sens commun. Le design est assimilé à l’esthétique. Le « beau » est le plus petit dénominateur commun sur lequel le designer et le client peuvent s’entendre.
Un bon design n’est pas nécessairement « beau »
Mais qu’en est-il des neuf autres aspects énumérés par Dieter Rams ? Ou, si l’on pose la question dans l’autre sens, si l’esthétique n’est qu’un aspect parmi d’autres, les sites web au design laid devraient aussi avoir du succès.
C’est effectivement le cas.
La raison en est que la notion de design est étroitement liée au marketing, la plupart des « créatifs » travaillant finalement dans la publicité. La mission de la publicité est de vendre et on n’atteint pas cet objectif en préparant soigneusement des informations. Il s’agit plutôt de jouer habilement avec les émotions et les réflexes psychiques.
Le brillant n’est pas honnête
Cela signifie que nous sommes confrontés à la conception et au design de préférence lorsqu’on veut nous vendre quelque chose. Même si cela fonctionne généralement bien, cela génère un discret mécontentement chez l’objet de la manipulation.
C’est ainsi que nous réagissons avec méfiance à un design trop lisse et plaisant : « Ici, quelqu’un veut me vendre quelque chose – qui sait ce qui se cache derrière ».
Ce sont justement les messages mal conçus – des prospectus faits maison, un site web programmé en HTML nu – qui sont particulièrement bien accueillis dans certains contextes. Parce que l’emballage est si manifestement insignifiant, les messages semblent d’autant plus authentiques et dignes de confiance.
Un bon design web a besoin de connaissances
Jared Spool apporte une autre conception du bon design (web). Le site web de son entreprise aurait du mal à figurer dans un palmarès du webdesign. Jared Spool défend une approche qui s’affranchit en grande partie du diktat de l’esthétique.
Dans son article il explique que les designers ont besoin de connaissances élémentaires pour réaliser ce que l’on appelle un « grand design ».
Il ne suffit donc pas d’être doué pour les couleurs, les formes et les polices de caractères. Une belle peinture ne suffit pas.
« Il s’avère qu’un bon design est plus difficile que le simple fait d’être un homme intelligent. Vous devez savoir qui sont vos utilisateurs. Vous devez savoir ce dont vos utilisateurs ont besoin. Vous devez savoir ce que votre technologie peut et ne peut pas faire. Vous devez savoir ce qui va vraiment plaire aux personnes pour lesquelles vous travaillez. (…) Vous devez tirer parti du langage de l’interaction. Vous devez expérimenter et prototyper. Vous devez interpréter le feedback que vous recevez et ajuster votre pensée ». Jared Spool
Un bon design du point de vue du commanditaire
Les donneurs d’ordre ont un rapport extrêmement sobre au design, ils pensent avant tout de manière pragmatique. Ils ont besoin de quelqu’un qui les aide à faire passer leur message auprès du public. Quelqu’un qui leur monte le site web, la brochure ou le stand d’exposition.
Il s’agit avant tout d’un travail manuel : comment organiser le projet, comment écrire du HTML, comment intégrer des fonctions, etc.
La conception se fait d’une manière ou d’une autre et il existe suffisamment de modèles et de tendances auxquels on peut se référer en cas de doute.